Un monocycle électrique, c’est quoi ?

Le monocycle électrique à stabilisation gyroscopique (electric unicyle ou e-unicycle en anglais) est un nouveau mode de déplacement 100% écologique, inspiré du segway. Il est en revanche beaucoup plus léger (10kg contre 50kg pour le segway) puisqu’il n’est composé que d’une roue, d’un moteur et d’une batterie. Muni d’une poignée, il peut être facilement transporté à la main ou dans un sac à dos. Par conséquent, il s’adapte parfaitement à tous les déplacements de la vie quotidienne en milieu urbain.

En 2008, Focus Designs a commercialisé le premier appareil de ce type, qui était alors équipé d’une selle. Puis la société Inventist, fondée en 2003 par le sino-américain Shane Chen, s’est engouffrée dans la brèche et a présenté le premier prototype du Solowheel à la Bike Expo de Las Vegas en septembre 2010.

Depuis, les wheels connaissent un véritable succès en Chine, où elles sont produites. Il existe désormais une multitude de marques dont les principales sont Airwheel, Rockwheel, Gotway, Legway, IPS (ou Mobbo), Firewheel, InMotion. Chacune possède sa propre gamme dont les caractéristiques (taille de la roue, autonomie, puissance, etc.) et la qualité varient. La plupart des modèles atteignent aujourd’hui 20 km/h (30 km/h pour les plus rapides) et ont une autonomie d’environ 1h-1h30 (soit 20-30 km et jusqu’à 50 km pour les grosses batteries). Ces performances varient selon le poids de l’utilisateur, le mode de conduite (douce ou avec de fortes accélérations), le type (bitume, sentiers, forêts) et l’inclinaison du terrain.

Personnellement, le modèle que je préfère est le Gotway 14 pouces : il me semble être l’un des meilleurs produits sur le marché en ce moment, fiable, silencieux, nerveux, rapide, puissant, avec une bonne autonomie (25km) et pour un prix plutôt raisonnable. Néanmoins, chaque wheel procure des sensations différentes et je ne doute pas que d’autres trouvent leur bonheur ailleurs !

Est-il dangereux de rouler en monocycle électrique ?

Une fois que l’on maîtrise son équilibre, la wheel est un véhicule remarquablement stable et maniable. La plupart des modèles ne dépassent pas 25 km/h. Il n’est donc pas dangereux de rouler en wheel, à condition de respecter, comme en vélo, quelques principes de bon sens.

Pour assurer votre sécurité, ainsi que celle des autres usagers sur la voie publique, je vous conseille de vérifier le bon état de marche de votre wheel ainsi que la pression de votre pneu avant chaque utilisation. Pour les débutants, n’hésitez pas à vous équiper d’un casque ainsi que de protège-poignets et protège-genoux pour éviter les blessures en cas de chute. Lorsque vous serez plus à l’aise, vous pourrez éventuellement vous passer de cet attirail (tant que la réglementation ne l’impose pas).

Ne vous inquiétez pas de l’absence de guidon, il s’agit au contraire d’un gage de sécurité par rapport aux trottinettes ou aux segways : en effet, lors d’une chute en monocycle vous serez simplement projeter sur vos pieds et vous aurez les mains et les bras libres pour vous rattraper ou pour garder l’équilibre.

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De nombreux modèles de wheel possèdent également un système de contrôle des batteries (Battery Management System ou BMS en anglais) performant, qui évite que l’alimentation électrique ne soit brutalement coupée lors de la conduite, ce qui pourrait entraîner un accident. En effet, à pleine vitesse ou en cas de trop forte accélération, il est possible que la batterie ne délivre plus assez de puissance pour alimenter le moteur gyroscopique auto-stabilisé : il s’agit alors de faire en sorte que la batterie dispose d’une sorte de réserve lui permettant de contrer le conducteur dans sa manoeuvre puis d’enclencher une procédure de ralentissement ou d’arrêt progressif pour éviter la chute.

D’autres modèles privilégient un avertisseur sonore au-delà d’une certaine vitesse ou en cas de forte accélération. L’autonomie de la batterie est par conséquent préservée, à condition de pouvoir supporter les bips intermittents, ce que l’on apprend à gérer au fil du temps. A noter, dans un environnement bruyant, les bips ne sont pas toujours audibles, il vaut donc mieux connaître les limites de sa wheel. Je ne recommande pas ce système aux wheelers débutants.

Est-ce que l’on chute souvent en monocycle électrique ?

Cette question revient souvent dans la bouche des débutants ou des gens que l’on croise dans la rue. Au bout d’un certain temps de pratique, elle finit presque par paraître étrange : est-ce que ces mêmes personnes se demandent si l’on chute souvent à vélo ? Ce n’est qu’une question d’habitude !

Pour répondre honnêtement, il y a bien sûr une phase d’apprentissage au cours de laquelle les chutes peuvent être plus fréquentes. Mais il s’agit rarement de vraies chutes, tout au plus est-on contraint de récupérer son équilibre en faisant quelques pas au sol et en évitant de se prendre les repose-pieds métalliques dans les tibias (c’est souvent le plus douloureux). C’est un peu comme si vous vous teniez debout sur le bord d’un trottoir et que quelqu’un vous poussait subitement dans le dos : un ou deux pas suffisent généralement à vous rattraper ! Il n’y a donc pas de gros risque en perspective, d’autant plus que les débutants ont généralement tendance à s’entraîner à vitesse ultra-réduite.

Ensuite vient le temps des premières sorties : on sait avancer en ligne droite, on peaufine sa technique dans les virages. Le principal risque est celui de l’excès de confiance en soi : les vraies chutes arrivent généralement à ce moment-là. On se laisse griser par la vitesse et on bute subitement sur une irrégularité du bitume. En ce qui me concerne, ma première vraie chute s’est produite lorsque j’ai tenté une montée de trottoir un peu ambitieuse : je me suis retrouvé nez-à-nez avec le sol, les deux mains en amorti. Grâce à mes protège-poignets, je m’en suis tiré avec seulement quelques égratignures. D’où le conseil suivant : conservez vos protections pendant votre premier mois de sorties, car c’est le moment où vous êtes le plus susceptible de faire des chutes dangereuses !

Par la suite, objectivement, les chutes deviennent très rares. Sur un trajet connu, cela n’arrive jamais. En cas de problème, il ne faut pas se préoccuper de sa wheel : regarder droit devant soi, récupérer au mieux son équilibre et  laisser filer la roue pour éviter sa propre chute. Aussi anodin que cela puisse paraître, cet état d’esprit améliore considérablement vos réflexes.

Pour la petite anecdote, ma seconde et dernière chute s’est produite alors que j’étais tout seul sur une route déserte et correctement bitumée. J’ai voulu contourner un dos-d’âne pour éviter de perdre de la vitesse mais le passage entre le dos-d’âne et le bord du trottoir était trop étroit pour passer : mes repose-pieds ont tapé contre le bord du dos-d’âne (et oui, pas celui du trottoir !) et j’ai fait un beau vol plané. Ma wheel a terminé sa course sur le coté en rippant contre le sol, et moi aussi. Je n’avais aucune protection et j’ai eu droit à de belles égratignures sur les mains, mais rien de grave. Heureusement que personne ne m’a vu, car je me sentais un peu ridicule

J’en tire trois conclusions : 1. L’excès de confiance est tout aussi dangereux, même lorsque l’on a une bonne expérience ; 2. Porter des gants ne protège pas que du froid ; 3. A 22km/h on peut déjà bien se faire peur, contrairement à l’apparent sentiment de sécurité que procure la fluidité d’un trajet en wheel.

De façon générale, il faut rester concentré et adopter un comportement prudent : réduire sa vitesse à proximité des obstacles et observer constamment son environnement. Il est très facile et agréable de slalomer entre les piétons, à condition d’anticiper leurs trajectoires : en général, celles-ci sont assez erratiques et il ne faut pas hésiter à ralentir en cas de doute, surtout lorsque les piétons ont eux-mêmes le nez rivé sur leur smartphone.  Soyez également attentifs aux sorties d’immeubles et de magasins, ainsi qu’aux portières des voitures garées le long de la chaussée.

Dernier conseil : ralentissez franchement à proximité des enfants. Vous n’avez pas envie de jouer au bowling lancé à 25 km/h, surtout avec des repose-pieds métalliques ! En cas d’accident, je pense que personne ne vous le pardonnera. A ce propos, l’autre soir, en sortant du restaurant avec des amis, j’ai fait une petite démo. A un moment, la wheel a dérapé sur une plaque d’égout mouillée. Par réflexe, j’en suis descendu par l’arrière, mais celle-ci a continué toute seule sa course, parfaitement stable, sur une vingtaine de mètres, avant de tomber sur le côté et de s’arrêter. J’ai été franchement surpris, je n’avais pas imaginé que la roue puisse rester droite et continuer à avancer pendant aussi longtemps. Imaginez-vous si cela arrive à proximité d’une école maternelle… La vigilance s’impose !